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17 mai 2008 6 17 /05 /mai /2008 09:47


Sauvegarde du Patrimoine Doménois
Notre association
Le Prieuré de Domène - Vestiges
Commune de Domène (Isère)

Le Prieuré de Domène

 

Historique


1 La Fondation
2 La Dédicace
3 Essor du Prieuré
4 Structures et fonctions du Prieuré
5 Evolution du Prieuré

 

1.La Fondation : de 1027 à 1058

 

Les Fondateurs : La famille Ainard

L'origine de la seigneurie des Ainard se situe à la fin du Xè siècle lorsque l'évêque de Grenoble Isarn, après avoir chassé du diocèse de Grenoble des envahisseurs payens avec l'aide d'une poignée de valeureux guerriers, distribua à ces derniers des terres en remerciement. C'est un certain Rodolphe à qui revînrent celles situées à Domène et dans les environs.Ce fief s'étend depuis la Coche de Theys jusqu'au ruisseau du Domeynon, soit un territoire comprenant 16 communes actuelles qui sont les suivantes :

Dans le canton de Domène :

La Combe de Lancey, Domène, Laval, Revel, Saint Jean le Vieux, Saint Mury Monteymond, Sainte Agnès, Le Versoud et Villard Bonnot

Dans le canton de Goncelin :

Les Adrets, Le Champ près Froges, Froges, Hurtières, La Pierre, Tencin, Theys

Seconde fondation clunisienne dans le diocèse de Grenoble après celle de Vizille, le prieuré de Domène doit son origine à la fondation faite en 1027 par Ainard 1er et son épouse Fécenna de l'église Saint-Georges. Il semble probable qu'une première communauté de moines est dès lors installée à Domène, desservant l'église paroissiale Saint-Georges, tandis qu'est entreprise l'édification d'une nouvelle église, réservée au service prieural.

 

2.La Dédicace

 

Le quatrième jour des ides d'août 1058 en effet eut lieu la dédicace de l'église du prieuré, en l'honneur de Saint-Pierre et Saint-Paul et de tous les apôtres ; l'autel du midi est consacré à la Vierge et à tous les Saints tandis que celui du nord est voué à Saint Jean Baptiste et à tous les martyrs.

Quatre importants prélats assistent à la cérémonie dont on imagine le faste :

Léger, archevêque de Vienne, Ebbon, archevêque de Tarentaise, Winneman, archevêque d'Embrun et enfin Artaud, évêque de Grenoble.

Toute la famille seigneuriale bien sûr se trouve présente : le seigneur Ainard, ses frères Guigues et Aténulfe, sa femme Elisabeth et son père Rodolphe.

 

3.Essor du prieuré

 

Après sa consécration, le prieuré de Domène connait un essor fulgurant, dû tant à l'habilité des bénédictins qu'à la protection et à la générosité de la famille Ainard, d'un grand nombre de nobles des alentours et même des évêques de Grenoble. Le Cartulaire de Domène réunit une bonne partie des chartes retraçant les multiples donations effectuées par tous ces seigneurs entre le XIe et le XIIIe siècle, mais il serait trop fastidieux de les énumérer.

 

a) Les donateurs

 

La première raison invoquée pour une offrande au prieuré est le salut de l'âme et la rémission des péchés.

Les Ainard :

Les seigneurs de Domène se montrent bien sûr les plus généreux. Premiers fondateurs du prieuré, ils désirent pour leur notoriété et par leur piété, augmenter au maximum le patrimoine de la maison religieuse.

Les autres laïcs :

De nombreux nobles du voisinage suivent l'exemple des Ainard. Les Alleman, seigneurs d'Uriage, la famille Morard offre aux moines des biens dans les lieux du Versoud et de Theys.

Les clercs :

L'évêque de Grenoble autour de 1 110 fait don à l'ordre de Cluny de toute une serie d'églises situées sur la rive gauche de l'Isère.

 

b) La nature des dons

 

Ceux de nature ecclesiastique

 

Beaucoup d'églises deviennent propriété du prieuré qui les patronne : le prieur en désigne les curés et récolte les dîmes. Les dépendances consistent en cimetières, chapelles, parcelles de terre ainsi que les dîmes, les oblations, les droits de sépultures. Les portions de dîme affluent en majorité, car tous les nobles, petits ou grands, en possèdent, et les moines de Domène en récupèrent ainsi sur toutes les paroisses du mandement de Domène et même au-delà.

 

Les autres dons :

 

Il s'agit d'exploitations agricoles, de parcelles de terre,d'artifices et de redevances.

Et un fait significatif ressort :

Les moines de Cluny, lorsqu'ils s'installent à Domène au XIè siècle, ne trouvent pas une région désertique de forêts ou de vallées vides, mais un pays déjà fort peuplé et des exploitations agricoles bien en place avec tout ce que cela comporte.

Voici une énumération des types de donations, telles qu'ils apparaissent au XIè et XIIè siècle dans le Cartulaire de Domène

 

Les Exploitations :

Le manse, la cabannerie, la borderie

 

Les petites tenures diverses :

La tenure ou tènement, la casate, le casement, le courtil, la grange, le cellier

 

Les terres :

Terres sans plus de précision mesurées en sétérées, champ, pré, vignes, alpages, saulsaie, forêts

 

Les artifices :

Moulins, battoirs,

 

Les redevances :

Revenus sur le port de l'Isère, redevances en nature : vin, pain, froment, bois, foin ou paille, agneaux, porcs, chapons, huile de noix ou d'olive...redevances en argent

 

Les moines de Domène, au XIIIè siècle, se trouvent donc à la tête d'un gigantesque patrimoine, concernant soixante à soixante dix paroisses, dont la moitié se situent sur la rive gauche de l'Isère, un quart sur la rive droite et l'autre quart dans les régions plus lointaines de Savoie, Matheysine, Trièves et Champsaur. Les revenus du prieuré à cette époque sont supérieurs à ceux de la Grande Chartreuse pourtant chef d'ordre.

 

4. Structures et fonctions du prieuré.

 

Le prieuré de Domène se soit de compter treize ou quatorze religieux dans ses murs, soit douze moines et "un moine au-dessus des autres".

Le prieur supérieur intervenant dans la plupart des actes du Cartulaire, correspond à celui dit du Chapitre.

Le second, celui du Cloître (le moine au-dessus des autres) est cité de temps en temps.

C'est un nommé Hugues qui dirige en premier la maison religieuse, puisqu'il est qualifié de "prior primus de Domena". On peut également noter la présence à la tête du prieuré de Pierre-Maurice de Montboissier, dit Pierre le Vénérable, pendant deux années de 1120 à 1122, avant d'être élu abbé du monastère de Cluny qu'il gouverne jusqu'à sa mort en 1156.

Quant aux moines, outre le service de Dieu, ils se répartissent les tâches qui assurent la bonne marche du monastère : économe, sacristain, sommelier.

Des frères convers s'occupent de tout le travail plus ingrat.

Le monastère, comme le précise une visite aux prieurés Clunisiens de 1303 assure l'office divin continuellement, l'hospitalité et l'aumône.

On peut préciser qu'il fait en plus fonction d'église paroissiale, puisque l'ancienne église de Domène, Saint-Georges, a été inclue dans le prieuré, duquel elle se trouve très proche, dès la fondation de celui-ci. Au XVIIIè siècle encore, le service paroissial est assuré par le monastère mais les disputes entre les religieux et les habitants déterminent ces derniers à construire une église dans le bourg.

 

5. Evolution du prieuré.

 

a) Fin XIIIè et XIVè siècle

 

Jusqu'au XIIIè siècle, période correspondant à son apogée, le prieuré de Domène reçoit un grand nombre de biens.

En 1296, les visiteurs des prieurés Clunisiens trouvent à Domène quatorze moines servant Dieu avec dévotion mais un prieur endetté suite à une pénurie de vin, et ayant des ennuis avec les nobles des alentours.

En 1303, les mêmes personnages constatent que l'officie divin, l'hospitalité et l'aumone y sont toujours assurés, mais le dortoir n'est pas dans les règles, le vestiaire est insuffisant car les moines n'ont pas plus d'une pelisse en deux ans, ni de tunique, ni de veste; quant au prieur, il s'excuse, avec le procureur, de la pauvreté des offices, mais ils ont des difficultés financières à cause de la mauvaise administration du précédent Hugues de la Porte.

En 1314, 1317, la conclusion rassurante des prieurs en visite est "tout va bien à Domène".

En 1331, le toit de l'église demande réparation.

En 1340, Mgr Jean de Chissé ne signale rien de particulier à Domène si ce n'est un moine terroriste qui se promène dans le bourg avec des armes.

 

b) Le déclin.

 

Le déclin du prieuré s'amorce au XVè siècle, et jusqu'au XVIIIè où elle disparait, la maison religieuse ne se relèvera plus.

Jusqu'en 1500, la plupart des seigneurs de Monteynard choisissent Domène comme lieu de sépulture et dotent le prieuré de grosses sommes d'argent. Puis au XVIè siècle, ils se désintéressent totalement de la fondation de leurs ancêtres.

C'est autour de cette époque (début XVIè siècle) que la famille d'Arces, implantée à Domène depuis le début du XIIIè siècle, fait construire une chapelle, à l'angle méridional de l'église du prieuré, pour ses sépultures.

Malgré cela, la courbe descendante amorcée se poursuit et nous retrouvons un monastère presque vide à la fin du XVIIè siècle puisque cinq moines seulement l'habitent.

Un siècle plus tard, en 1788, un bref papal supprime le prieuré qui deux ans après est vendu comme bien national. Subissant de nombreuses mutilations, l'église est transformée en grange tandis qu'on y adosse des échoppes construites avec les débris du cloître.

En 1839, la marquise de Monteynard rachète ce qu'il reste des bâtiments et évite ainsi une destruction complète ; ses descendants en sont encore aujourd'hui les propriétaires.

Les caveaux de leurs ancêtres furent vidés et les sépultures transportées dans une chapelle à Tencin.

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